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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Chroniques & Analyses

Elections 2023 : l’inflation des candidats pose des problèmes économiques sérieux ! (Analyse d’Oasis Kodila*)

2023-10-10
10.10.2023
Politique / Chroniques & Analyses
2023-10-10
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Les numéros sont distribués. Chaque candidat peut être ainsi identifié. L’enthousiasme est lisible, au point que l’infraction à la loi électorale peut être remarquée à gauche comme à droite, avec des campagnes qui ne veulent pas dire leurs noms. Cet enthousiasme est d’autant plus perceptible qu’il y a 23.653 candidats recevables, alors qu’en 2006, 9.709 candidatures ont été validées. Une inflation importante des candidats ! Personne ne semble indifférente, à part probablement les politiciens et les « apprentis politiciens ».

L’explication à cette inflation semble faire consensus. Ce sont les 21 000 USD qui ne souffrent plus apparemment de contestations. Pourtant, certaines langues avaient contesté lorsque cette somme était révélée sur la place publique. Aujourd’hui, ces émoluments mensuels, qui dépassent le salaire moyen mensuel d’un Congolais de 365,2 fois en considérant les données de l’Enquête nationale EGI-ODD de 2020, constituent une incitation pour l’enrôlement d’autant de candidats. Incentive matter ! Conséquence : une ruée vers la politique. Pour s’en rendre compte, les auteurs du Rapport national sur l’emploi des jeunes en RDC ont établi une corrélation entre la proportion des jeunes candidats à la députation nationale et la durée de chômage en 2018 : les provinces où la durée de chômage était longue sont les provinces avec une proportion importante des jeunes candidats à la députation nationale. On n’est pas dupe : ce n’est pas parce que ces jeunes sont pétris de talents pour changer le Congo ou ont un engagement patriotique à toute épreuve.

Cette ruée vers la politique n’est pas sans conséquence. Primo, comme on l’a déjà souligné, cette ruée vers la politique est source des inégalités majeures induites par les rentes que la politique génère en RDC. Ce n’est donc pas hasard que les chiffres des inégalités soient inquiétants. Selon les don¬nées de World Database Inequality, en RDC, le 1 % les plus aisés rafle 14,6 % de tout le revenu national. Et les 10 % les plus aisés arrivent à se partager 48,8 % de revenu national contre 38,5 % pour 40 % du milieu de la population (Fig. 22). Les ratios de quantile (8,8 en 2017) et de palma (21 en 2017) sont élevés et traduisent un écart important des revenus entre les déciles supérieurs (les 10-20 % les plus riches) et les déciles inférieurs (les 20-40 % les plus pauvres).

Secundo, cette ruée vers la politique accentue les distorsions dans l’économie, en allouant de manière inefficace les talents (misalloca¬tion of talents) et accumulant les rentes. En capturant ces jeunes de manière directe comme indirecte, l’économie perd naturellement certains talents qui pouvaient booster l’éco¬nomie peut-être avec l’entrepreneuriat ou l’innovation. La seule activité très rentable avec un rendement très élevé est devenue la politique. Aussi, les rentes générées plombent l’économie : la corruption, la connexion politique, les rétro-commissions liées aux marchés publics capturés… sont devenus des maîtres-mots. Une telle logique plombe le climat des affaires et détruit les vertus de la concurrence. Au final, l’économie non-rentière peine à se développer. La croissance étant toujours portée essentiellement par le secteur extractif : le taux de croissance hors mines n’a été que de 3,12 %, alors que la contribution du secteur minier dans les 5,2 % de crois¬sance observée entre 2001 et 2020 a été de 2,08 points de pourcentage.

Tertio, cette ruée vers la politique à cause des rentes qui en résultent n’est pas soutenable pour l’économie. En effet, cette inégalité sociale entretenue va tôt ou tard générer de l’incertitude, des tensions entre les pauvres et les riches ou de l’instabilité sociale et politique, faisant suite aux conflits sociétaux susceptibles de naître à n’importe quel moment. Or, ces tensions vont à coup sûr donner un coup de grâce à l’économie, comme l’ont démontré depuis l’étude classique de Alberto Alesina et Dani Rodrik.

En somme, les conséquences sont légion. Dans tous les cas, les 21 000 constituent un test pour l’élite congolaise. Celle qui y mettra fin gagnera certainement en estime et le cœur des Congolais. Faire semblant de ne pas considérer cette ruée vers la politique à cause des rentes stratosphériques expose toute la société à des conséquences gravissimes. On espère que la campagne électorale exposera ce problème, avec à la fin des mesures ad hoc.

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.


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