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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Chroniques & Analyses

RDC-France: Un partenariat gagnant-gagnant ? (Analyse d’Oasis Kodila Tedika*)

2023-03-01
01.03.2023
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2023-03-01
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L’annonce de l’arrivée du Président français a fait scintiller les yeux de plus d’un. Les enjeux géopolitiques sont tels qu’il est attendu avec impatience pour voir comment l’homme qui a prétendu entretenir une ‘‘normalisation décomplexée de la relation entre la France et l’Afrique’’ va réagir. Même si son influence économique ne cesse de diminuer, le pays de Voltaire demeure une puissance économique et géopolitique de rang mondial. Un Président français qui se déplace, c’est toujours une opportunité économique. En effet, ce pays vaut économiquement 14 chiffres en dollars américains du Produit Intérieur Brut (PIB), soit 2 957 879 759 263,52 de richesse créée en 2021. Pour apprécier la grandeur, c’est près de 54 fois l’ensemble de la richesse créée par la RDC la même année. N’est-ce pas une opportunité pour l’économie congolaise ? Regardons concrètement la relation franco-congolaise en termes chiffrés.

Primo, le commerce international demeure un levier important pour faire de la croissance économique, surtout en exportant, car il permet d’accroitre notamment la productivité d’un pays. Les Nouveaux pays industrialisés (Corée du Sud, Taïwan, Singapour et Hong Kong pour ne citer que les quatre dragons asiatiques) sont passés entre autres par la promotion des exportations afin de se hisser pleinement aujourd’hui dans la catégorie des pays développés. Le commerce français de marchandises en % du PIB représente 61, soit 1800 milliards de dollars en 2021. De cette somme, la France a consacré 714,1 milliards de dollars pour les importations de marchandises. Pourtant, la RDC ne gagne que 0,33% via ses exportations vers ce pays selon les données de The Observatory of Economic Complexity. Or, selon la même source, au quatrième trimestre 2021, les principales importations de la France étaient notamment les véhicules à moteur, remorques et semi-remorques (16,5 milliards d'euros), les ordinateurs, électroniques et optiques (14,9 milliards d'euros), les produits chimiques (13,7 milliards d'euros), les machines et équipements (12,5 milliards d'euros) et les hydrocarbures (11,6 milliards d'euros). Ne pas y voir une opportunité pour la RDC, c’est faire preuve d’une cécité déconcertante. Car, dans ces différentes importations, la RDC dispose des atouts indéniables.

Secundo, dans une étude scientifique publiée en 2023, j’ai montré avec un collègue économiste d’origine égyptienne que l’investissement direct étranger (IDE) peut être boosté par le déplacement d’un leader de premier plan. Dans le cas d’espèce, il s’agissait des investissements américains et des IDE totaux des autres pays qui sont stimulés par la visite du Président américain dans les pays hôtes. Ses visites jouent comme un signal. Peut-être que le même signal est vérifiable dans le cas des investissements français lors des voyages de leur Président. Toutefois, pour l’instant, les IDE français en RDC ne représentaient à peine que 2,79% (72 millions de dollars en valeur nominale) en intentions d’investissements selon les données de l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) de 2021. En même temps, pour la même année, la sortie nette de l’investissement direct étranger français s’est élevée à 76,99 milliards de dollars américains, soit 2,6% de leur PIB. Ici, également, la marge de manœuvre s’avère importante pour la RDC. Cette dernière doit capitaliser d’autant plus que les IDE demeurent un instrument important autant pour la création directe des emplois que pour la diffusion technologique qui est cruciale pour le rattrapage économique.

Tertio, l’aide publique au développement (APD) est la troisième candidate à considérer. Car, cet outil sert à beaucoup d’intérêts, par moment idéologiques, humanitaires, géopolitiques, économiques ou historiques. Malgré cela, en dépit du débat houleux entre économistes, la grande tendance actuelle des travaux empiriques montre l’effet positif de l’aide de manière générale sur le développement. Sur ce terrain de l’aide, la RDC n’est pas non plus un grand bénéficiaire de l’appui français pour en tirer profit dans sa marche vers le progrès. En effet, selon les données de la Plateforme de Gestion de l'Aide et des Investissements (PGAI), l’aide française n’équivaut qu’à 0,45% de l’ensemble de l’aide enregistrée par cette structure du Ministère du Plan de la RDC, soit à peine 8,4 millions de dollars américains en 2020. En considérant les données du Comité d'aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) – qui sont généralement très différentes de celle de la PGAI, l’APD française a représenté 0,34% de l’ensemble de l’aide accordée par cette nation à la RDC, soit 35 millions de dollars américains en 2021. Cependant, pour regarder autrement la faiblesse de cette aide, on peut la comparer à l’APD française au Rwanda. Là on réalise qu’elle représente à peine 0,06% du PIB congolais contre 0,65% du PIB rwandais. En changeant le dénominateur, l’écart devient encore plus criant : un rwandais reçoit de la France 5,31 USD contre 0,37 USD pour un Congolais.

Quarto, considérons la migration. Il est établi par les économistes que les contraintes à l’émigration constituent un obstacle majeur pour les pays en développement, dont la RDC en termes de pertes économiques. En des termes différents, le gain résultant de l'élimination des barrières migratoires est de loin supérieur aux gains résultant de la suppression de toutes les restrictions restantes sur les flux internationaux de biens et de capitaux. Qu’est-ce qui se passe concrètement pour la RDC et la France ? Selon les données de la Direction générale de Migration (DGM) publiées dans l’Annuaire statistique de 2020 de l’Institut national de la Statistique (INS), 5,6% des migrants en RDC étaient français, soit 4510 en 2016 sur un total de 80102. Les données les plus récentes n’étant pas encore rendues disponibles. S’agissant des Congolais à l’extérieur de leur pays, le service du Ministère des Affaires étrangères ne tient pas une comptabilité migratoire de la population congolaise – du moins non accessible à la population, auquel cas on ne peut que se rabattre sur d’autres sources, notamment le Migration Policy Institute. En milieu 2020, selon ladite source, on pouvait dénombrer 88 000 migrants congolais en France. En comptabilisant tous les migrants, la RDC représenterait 21,5% de la migration. En 2021, selon Statista Research Department, le nombre d'immigrés congolais en France était de 98,8 mille Congolais, plaçant ainsi la RDC à la 16 position de pays immigrants en France. Un tel niveau de la communauté congolaise en France exige un dialogue.

Bref, sans aller dans la mobilité des capitaux – souvent très volatile avec des effets déstabilisants, ni dans la dette extérieure et encore moins dans les enjeux de la transition climatique, il est clair que la France est globalement très peu présente dans l’économie congolaise. Cette visite s’avère donc une occasion de placer des pions.

*Oasis KodilaTedika est un économiste et auteur récemment du livre Financement du développement en RDC : diagnostic, opportunités et perspectives.


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