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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Religion

Comment les religions s'effondrent-elles?

2024-02-29
29.02.2024
2024-02-29
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Si leur naissance est abondamment étudiée, leur fin est plus mystérieuse.

Des dieux égyptiens aux dieux sumériens en passant par les divinités scandinaves ou les cultes inca et maya, de nombreuses religions ont disparu au fil des siècles. Ainsi, plus personne ne prie les dieux gaulois ni ne s'adonne à des sacrifices et des offrandes guerrières pour les honorer. Le mazdéisme, religion dominante de la Perse antique jusqu'en 651 après J.-C., ne compte aujourd'hui plus aucun fidèle. Quant aux dieux gréco-romains, s'ils sont encore connus de tous, leur culte est progressivement tombé en désuétude, remplacé par le christianisme.

«On peut dire sans exagérer que des milliers de dieux différents ont existé, expose Anne Morelli, historienne et professeure honoraire à l'Université libre de Bruxelles. Rien que pour la Mésopotamie par exemple, on compte des centaines de dieux: ceux du nord, du sud, des villes, des campagnes, etc.» Selon la spécialiste, ces religions n'ont pas toutes laissé des traces.

En fonction des sources écrites disponibles et des trouvailles archéologiques, certains cultes disparus ont pu être mis au jour tandis que d'autres se sont probablement éteints pour l'éternité. Il est ainsi impossible d'estimer le nombre de divinités ayant peuplé notre planète. En revanche, certains facteurs d'extinction des religions peuvent être identifiés, bien que la recherche sur leur disparition demeure lacunaire.

Empire et colonisation

«Les mouvements de colonisation sont l'un des facteurs prédominants dans la disparition des cultes, indique Anne Morelli. Dans le cas du Mexique par exemple, la disparition des religions existantes se fait vraiment par la force. Il y a une bulle du pape qui interdit de pratiquer les cultes précédents.» Les conquêtes territoriales s'accompagnent presque toujours d'une conquête spirituelle. À son arrivée au Mexique en 1521, le conquistador espagnol Cortés est ainsi escorté par des religieux et des missionnaires qui ont comme objectif d'éradiquer les autres religions. Il en va de même pour la colonisation européenne en Afrique.

Pour appuyer leur puissance, les pays colonisateurs exportent leur culte dans une tentative de s'étendre sur tous les fronts dans le territoire conquis. «On a considéré que les religions précédentes étaient des cultes non valables et on a imposé de force le christianisme, soit catholique soit protestant», rappelle l'historienne, coautrice de Quand une religion se termine… Facteurs politiques et sociaux de la disparition des religions.

Les dieux vivent généralement le temps de la civilisation qui les consacre. On a prié les divinités égyptiennes le temps de l'empire, jusqu'à ce qu'il devienne une province romaine en 30 avant J.-C. Ils sont également à la merci d'un changement de régime, qui peut décider de prôner un culte et d'en abroger un autre.

L'exemple du manichéisme est édifiant. Religion installée en Perse sassanide dès le IIIe siècle, elle est interdite par l'empereur Vahram Ier qui décide de rétablir le zoroastrisme comme unique religion de l'empire. Les fidèles sont ainsi persécutés et leur prophète tué. Si la religion résiste et conserve une grande influence jusqu'au XIIe siècle, elle n'existe plus que sporadiquement jusqu'au XVIIe siècle avant de disparaître totalement.

Le monothéisme, éradicateur de religions

Anna Van den Kerchove, maîtresse de conférence à l'Institut protestant de théologie (IPT), rappelle dans une interview à Radio France que la religion manichéenne a subi les foudres du christianisme à partir de l'empereur romain Constantin. Considéré comme hérétique, le manichéisme est effacé et avec lui, les traces archéologiques et écrites témoignant de son existence. Cette lutte acharnée du christianisme contre la doctrine manichéenne n'est pas isolée.

Souvent, la religion du Christ a effectué un travail de nettoyage destiné à effacer les témoins des cultes concurrents, engendrant ainsi une absence de sources et donc d'informations sur ces religions passées. «Il est certain que les religions monothéistes ont voulu effacer les traces des précédents cultes pour appuyer leur dieu unique, confirme Anne Morelli. On a jeté, brûlé des textes. Chacun essaie de réduire à zéro le dieu précédent puisque c'est un mauvais culte.» L'historienne donne l'exemple de certaines églises de Rome ou encore de la cathédrale de Barcelone, construites sur d'anciens temples romains pour faire oublier les croyances anciennes.

Les religions monothéistes, par leur intolérance intrinsèque, ont fortement contribué à réduire à néant les autres cultes. Alors que le polythéisme romain, par exemple, acceptait la venue de nouveaux dieux sous certaines conditions. «Je pense qu'à des époques antérieures, il y avait plus de cultes qui cohabitaient qu'aujourd'hui parce que la globalisation a fait disparaître les petites religions», juge ainsi Anne Morelli. L'avènement des religions abrahamiques, de nos jours implantées partout dans le monde, a de fait accéléré le mouvement de disparition des cultes contraires au dieu unique, puisque leur ADN commun repose sur la destruction des dieux d'autrui.

Des facteurs économiques et sociaux

Mais la croyance n'est pas toujours le facteur principal dans la disparition des religions. Dans le cas du manichéisme, écrasé par le christianisme, des éléments plus larges précisent pourquoi ce culte a lentement décliné. «Je pense que la disparition est due en partie au mode de vie qui est quand même très ascétique, souligne Anna Van den Kerchove. On pourrait le comparer à celui des moines dans le christianisme mais là, le but de chaque manichéen à un moment donné est de devenir élu, tandis que le but de chaque chrétien n'est pas de devenir moine. Ce mode de vie est assez complexe et difficile à tenir sur le long terme.»

«Le plus probable est que de nouvelles religions vont surgir et que l'une d'elles rencontrera peut-être beaucoup de succès.»

Anne Morelli, historienne

En outre, la religion du Christ est elle-même actuellement dans une dynamique de déclin inexorable en Europe. Si la sécularisation croissante de la société l'explique en partie, d'autres enjeux ont également leur importance. «Il y a des éléments sociaux évidents, relève Anne Morelli. Autrefois, avoir un fils prêtre était un honneur dans une famille, surtout dans les familles campagnardes. Aujourd'hui, peu de familles s'en enorgueillissent, elles sont plutôt étonnées ou inquiètes de ce choix.» L'historienne rappelle que ce statut n'est plus une ascension sociale comme il pouvait l'être auparavant.

De plus, le catholicisme est très différent des curés de campagne d'autrefois. «C'est maintenant un catholicisme embourgeoisé, urbanisé, et qui recrute très peu», indique-t-elle. Alors que les églises se vident, que les prêtres en formation se font plus rares et que le latin, langue de l'église, s'est perdu, la religion chrétienne semble elle aussi être vouée à disparaître tôt ou tard.

Des religions vraiment disparues?

L'histoire nous montre en effet qu'aucune religion n'est éternelle. À son apogée, chacune croit qu'elle résistera pour toujours, avant de s'éteindre comme les autres. «Il y a plus de religions qui ont disparu que de religions actuellement en vie, en veut pour preuve Anne Morelli. La question à se poser pour les religions actuelles n'est pas si elles vont disparaître mais quand.» La spécialiste n'identifie aucun facteur de longévité particulier, permettant à un culte de perdurer plus qu'un autre.

Car si le monothéisme pourrait s'imposer par son intolérance, c'est aussi ce qui pourrait causer sa perte. «En général, la longévité est liée à la force politique qui les soutient, détaille Anne Morelli. Mais ce n'est pas lié à des éléments internes, ce n'est pas la religion la plus intelligente qui gagne.»

Quant à savoir si les religions passées ont réellement disparu, rien n'est moins sûr. Par des cumuls, des emprunts, des innovations ou des mutations, les cultes anciens continuent d'exister dans les croyances actuelles. Le culte de Mithra, très populaire sous l'empire romain, habite encore aujourd'hui le christianisme. «Mithra était lié au culte du Soleil invaincu Sol Invictus, raconte Anne Morelli. Quand on a voulu fixer la date de naissance du petit Jésus, on a repris le jour de célébration de Mithra. Comme quoi une religion peut ne plus avoir de temple, de prêtres, de langue, mais continuer à vivre dans des pratiques populaires.»

Que faire de la religion précédente? La question s'est toujours posée. Pour ne pas choquer dans la nouvelle conversion, pour éviter la rébellion des peuples et prévenir la contestation, un certain nombre d'éléments symboliques sont donc conservés. Les nouveaux lieux de culte sont bâtis sur les traces du précédent, les pèlerinages se poursuivent en changeant de nom…

Souvent, la religion précédente est réinterprétée et certaines pratiques récupérées par le nouveau culte. «Il est difficile de dater la disparition des rituels de la Grèce antique, évoque notamment Adeline Grand-Clément, professeure d'histoire grecque à l'Université Toulouse-II-Jean-Jaurès, au micro de Radio France. Sous l'empire byzantin, un certain nombre de rituels ont été repris et même l'usage de l'encens par le christianisme reprend des pratiques qui étaient polythéistes.»

Si les religions sont vouées à disparaître, leur destin est surtout de se transformer dans de nouvelles croyances. Quant à une disparition totale des cultes, Anne Morelli n'y croit guère: «Le plus probable est que de nouvelles religions vont surgir et que l'une d'elles rencontrera peut-être beaucoup de succès. La religion de l'écologie, par exemple!»

 

 

Juliette Baëza
Slate / MCP , via mediacongo.net
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